A l'heure que je t'écris cette lettre la brise de l'océan me caresse la peau. Ce même océan deviendra bientôt mon tombeau. Il parait que je vais mourir en héros et que la sécurité et l'honeur de mon pays viendront recompenser mon sacrifice. Je prie pour que ce soit vrai. Mon seul regret dans la vie c'est de ne jamais t'avoir dit ce que je ressentais. J'aimerais être de retour à la maison, j'aimerais être en train de te tenir la main, j'aimerais te dire que tu as été le seul et unique amour de ma vie depuis que je suis petit. Mais c'est impossible. Je me rend compte à présent combien la mort est facile, c'est l'amour qui est difficile. Quand mon avion piquera je ne verrai pas le visage de mes énémies, je verrai plutôt tes yeux, de petits cailloux noirs dans l'eau de pluie gelée. On nous dit qu'il faut crier "Banzai!" quand nous piquerons sur notre cible, mais moi, je murmurerai ton nom, et dans la mort comme dans la vie, je serai toujours à toi.


